► SWEEDAM

aux écuriesSweedam - Welsh D

C’était un beau début de journée. Le soleil s’était montré aujourd’hui, contrairement à hier où il avait rechigné de briller dans le ciel, faisant miroiter les quelques flaques d’eau témoignant des intempéries de la veille. Leonard finissait de déblayer l’eau coincée dans la cour à l’aide d’un balai. Heureusement, elle n’avait pas atteint les boxes. Certains étaient encore en construction, et mieux vaut ne pas savoir ce que cela aurait pu donner niveau dégât matériel. Le blond continua encore un peu son travail avant de se donner une petite pause, petite pause qu’il accorderait à son cheval qui commençait à s’impatienter dans le box d’à côté.  Le jeune étalon Welsh tapait la porte de son sabot, réclamant un peu d’attention. Et il venait visiblement d’avoir ce qu’il souhaitait car le jeune homme se dirigeait vers son box. Il attrapa le licol posé à côté de la porte et se fraya un passage à l’intérieur. Il salua le mâle d’une caresse sur le chanfrein mais trop pressé de sortir de son box, l’animal n’y accorda pas d’attention. Il ressemblait un peu à un chien battant de la queue lorsqu’on lui montrait une laisse de promenade. Il semblait désireux de mordre un peu le terrain et son propriétaire allait y remédier. Il lui passa le licol sur la tête et accrocha la boucle au premier trou. Sweedam avait une tête d’étalon massive mais aux traits fins. Comme les caractéristiques de la race le demandaient, le mâle avait des yeux expressifs, une encolure longue et puissante avec un corps court mais tout en muscle, ne demandant qu’à en dévoiler leur puissance.

Leonard se conforta un peu plus dans son idée d’avoir acheté Sweedam. Il était arrivé il y a quelques jours seulement dans les écuries fraîchement retapées et le jeune homme n’avait pas eu une seconde à accorder à sa belle monture. Cette dernière avait passé son temps à batifoler dans les prés en attendant que son propriétaire ne la mette au travail. Leonard avait trouvé la petite annonce de Sweedam sur Internet, alors qu’il cherchait un compagnon pour l’accompagner de nouveau sur les terrains de concours. La vidéo que les propriétaires lui avaient envoyée l’avait complètement séduit. Après avoir passé des années à écumer les terrains de compétition, il avait pu reconnaître le fin passage de dos de l’étalon mais également sa volonté à s’élancer par-dessus un obstacle. Quelques jours plus tard, il allait chercher son nouveau partenaire non sans fierté. Les Welsh étaient connus pour être des chevaux de caractère, et le cavalier désirait une monture pouvant rivaliser avec le sien.
Une fois dehors, Sweedam se mit à danser légèrement sur place. Sans doute avait-il hâte de se défouler. Il n’était pas encore vraiment sorti de la journée et Leonard s’était rendu compte les derniers jours à quel point son cheval avait ce besoin de bouger. Une sorte d’hyperactif en soit, ce qui rajoutait des objectifs à la liste que s’était fixée le jeune homme. Ce dernier attacha l’isabelle à l’anneau fixé au mur et lui intima de ne pas bouger le temps qu’il aille chercher ses affaires de pansage. Demeurant l’air interrogateur au départ en voyant son propriétaire partir, l’attention du cheval se détourna de lui et vint se poser sur le loquet de la porte du box que Leonard avait soigneusement fermée pour qu’elle ne se rouvre pas avec la brise légère. Lorsque le jeune homme revint chargé des affaires de pansage ainsi que de la selle et du filet de sa monture, il découvrit cette dernière en train de le tâter du bout de ses lèvres. Heureusement qu’il avait investi dans un loquet situé en bas du box, question de sûreté.

Sweedam n’était pas sale ; sa paille était propre et il ne s’était pas roulé depuis hier soir. Leonard accordait un certain soin au pansage. Il le faisait rapidement mais  de façon méticuleuse. Il se saisit d’une étrille et commença à faire de petits mouvements circulaires énergiques sur les parties charnues du corps du cheval. Quelques poils virevoltèrent, mais la mue était finie. Les chevaux n’avaient plus besoin de couverture la nuit. Une fois que le travail de l’étrille fut terminé, Leonard passa un coup de bouchon faisant disparaître les quelques morceaux de boue séchée collés dans les bas des membres du mâle. Tôt ce matin il avait été lâché dans le pré, et malgré le soleil resplendissant d’aujourd’hui, le sol n’avait pas fini de sécher. Le passage de cure-pied fut rapide, les sabots étaient complètement propres. Maintenant que la robe de l’étalon était semblable à de l’or, le blond pouvait se permettre de le seller. Sweedam cogna le sol de son sabot, manifestant son impatience. Leonard le réprimanda d’une voix grave ; il n’avait qu’à se contenir et rester sage pendant les cinq prochaines minutes. Une fois le tapis bien placé, le jeune homme posa la selle sur le dos de l’isabelle en douceur et attacha la sangle sans trop la serrer. Vint ensuite le tour du filet que le cheval rechigna un peu à prendre en bouche mais il se rendit bien vite en sentant le bras de son propriétaire se fermer doucement autour du chanfrein pour ne pas qu’il s’échappe à nouveau. L’étalon avait fière allure avec son équipement reluisant, tout à neuf. Leonard attrapa les rênes du mâle et l’invita à suivre, ce qu’il fit sans attendre son reste. Au passage, le cavalier attrapa son élément fétiche, sa bombe, et se la mit sur son crâne avant de l’attacher. Fin prêt, le couple prit le chemin de la carrière.