Après avoir soigneusement fermé la porte derrière moi, je conduisis l'étalon au milieu de l’installation. Alors je lâchai la longe et le poussai doucement loin de moi. Tête basse, il sentait l’environnement dans lequel il était actuellement libre. Plutôt lourd et robuste, Marius n'était pas le type de cheval à se défouler de lui-même et d’ailleurs la première chose qu’il fit fut de se rouler sur le sol meuble.
Je le laissai faire le tour de son corps puis se relever avant de s'ébrouer. C’est alors qu’un sourire un peu “amoureux” prit mes lèvres. Plus le temps passait, plus j'aimais cet étalon en tout points différent de Scarlet. Marius était plus attaché à l’homme, plus démonstratif et même quelque peu envahissant. L’alezan, lui, ne m'accordait pas d’attention mais sa beauté et son élégance ainsi que son envie de liberté le rendaient magique.
Bon, il était temps que je sorte de mes rêveries et m’occupe de l'étalon qui avait repris sa marche paisible à sentir le sol et les différentes marques de passage de ses congénères. Je pris ma place au milieu du manège, la chambrière dans ma main droite, et l'incitai à marcher d’un pas quelque peu plus actif. Une oreille tournée vers moi, l'étalon fit craquer ses articulations et avançait. Marius était respectueux en tout point et les séances de liberté n’y échappaient pas.
Toujours au milieu, je me déplaçais de quelques pas sur la droite, créant ainsi une barrière invisible entre le mur et moi. Doucement, Marius fit demi-tour et reprit le pas actif sous ma demande.
Après quelques tours, je le poussai à prendre le trot. C’est dans une allure assez lente que l'étalon accepta ma demande. Je le poussai un peu et s'exécuta au minimum possible. Je souris. Marius ne montrait aucune envie de travailler. J’essayai alors de diversifier le travail en demandant quelques arrêts suivis de reculés pour reprendre le trot. Petit à petit je me dynamisai et l'Isabelle aussi. Attentif, il gardait une oreille pointée sur moi, prêt à réagir à la moindre sollicitation et petit à petit son côté joueur se réveilla.
Au lieu de toujours m’attendre, il essaya de venir vers moi et de me faire reculer mais j'avançai et il se retrouva bloqué contre le mur, il leva les antérieurs, fit demi-tour tour et partit au galop avant que je ne le bloque à nouveau et qu’il s'arrêta avant de reculer. Revenant au centre de mon cercle, l'étalon m'avait suivie. Je levai les bras et il se leva puis pivota pour repartir au galop. Je l'encourageai de la voix :
«Aller !»Il accéléra l'allure jusqu’à déraper doucement dans le virage. Je rigolais et ne le sollicitant plus, il ralenti jusqu'à s'arrêter. Il posa ses grands yeux bruns sur ma personne et souffla. L’un comme l'autre nous attendions la suite : lequel allait faire le premier geste. Il frappa du pied sur le sol et je me campais sur mes jambes. Finalement je levai un bras sur la droite. Il recula, fit demi-tour tour et prit le trot avant de s'ébrouer. Respectueux, il n'avait pas cherché à me charger comme Scarlet pouvait le faire mais me défiait de venir le chercher. Les mains basses, je l'incitai à me rejoindre par un claquement de langue et des paroles douces. Finalement l'étalon baissa la tête et vint me rejoindre pour que je lui prodigue de longues caresses.
Je le laissai tranquille, alors qu’il me suivit, je dus le chasser doucement. Je pris des plots et installai un petit slalom. Grâce à deux barres posées au sol je mis en place un couloir et finalement un vertical terminait le petit parcours. L'étalon avait prit une petite marche pour découvrir ce que je faisais et voir si cela se mangeait comme je pus le découvrir en voyant le Fjord me regarder dépité, le cône en sa bouche.
Je rigolais avant de m'avancer et de récupérer l’objet. Je le poussai quelques foulées de trot sur la piste afin de récupéré son attention. Finalement je l’invitai à me rejoindre. Reculant et le regardant toujours, je pris le slalom. D’abord hésitant, Marius, me suivi à travers les cônes. Son agilité et son habitude à jouer permirent à l’isabelle de ne toucher aucun cône. Le passage dans le couloir ne l'embêta pas outre mesure et petit à petit l'étalon me suivait avec plus d’aisance et moins de sollicitations. Finalement, je me tournai et sautai l’obstacle et Marius… il l’enjamba au pas. Je rigolais. Il avait raison on pouvait aussi l’enjamber.
Bien la partie facile était lancée. Je commençai à courir sur la piste et il prit le trot. Il répondait avec aisance à ma moindre sollicitation ce qui était quelque peu magique mais cela montrait surtout qu'il aimait ce qu’il faisait. Je pris le slalom tout en jetant un coup d’oeil derrière moi. L'étalon n’avait rien renversé et serrai les courbes pour s’amuser. Au niveau du couloir, j'accélèra avant de lui demander un arrêt en levant les bras. Il s'exécuta, attentif, la tête haute. Je décidai de durcir encore l’exercice et avançai vers lui. De son côté, Marius recula de quelques pas.
Je me retournai et repris la course. Il ne restait que l’obstacle que je sautais. Cette fois-ci, l'étalon le sauta, très certainement poussé par l’envie de jouer. Je m'arrêtai et le félicitai longuement, l'étalon alors plongea sa tête dans ma poitrine.
Je remis la longe au licol du Fjord et me dirigeai vers la sortie. Je prévoyais de le laisser au pré et décidai de ranger une fois qu’il gambaderait dans la neige.